Interview Diabète, ménopause… Hormones et Covid, un sujet qui interroge

Par Marie-Charlotte Nouvellon Publié le 12 Oct 21 à 18:04 

À l’occasion d’un congrès des endocrinologues, une conférence pour répondre aux interrogations autour des « Hormones et Covid » sera ouverte au public. Présentation.

Alors qu’elle tiendra, pendant plusieurs jours, son congrès annuel au Havre (Seine-Maritime), la Société Française d’Endocrinologie organise, jeudi 14 octobre, une conférence ouverte au grand public sur le sujet « Hormones et Covid ». Co-président du comité d’organisation, le professeur Hervé Lefebvre, chef du service d’endocrinologie, diabète et maladies métaboliques au CHU de Rouen, présente les enjeux médicaux et scientifiques de ce sujet.

Actu : Vous parlerez jeudi du lien entre hormones et Covid. Cela induit-il que la maladie touche vos patients d’une façon particulière ? La question de la sensibilité des diabétiques à la maladie a par exemple fait parler…

Professeur Hervé Lefebvre : En effet, le diabète, surtout quand il est mal équilibré, entraîne une baisse des défenses immunitaires, ce qui fait que l’on est plus sensible à beaucoup d’infections, et pas seulement au Covid. On a pu remarquer que les patients avec un diabète de type 2, du fait de l’immunodépression, attrapaient non seulement plus facilement la maladie, mais pouvaient aussi faire des formes graves avec une plus grande fréquence. En sachant que les diabètes de type 1 sont très liés à l’obésité, qui est aussi un facteur de forme grave, cela reste difficile de conclure.
Plus globalement, il n’y a pas de maladie endocrinienne qui rende plus sensible, plus à risque d’attraper le Covid 19 ou de faire forme rare, même si certaines peuvent être déstabilisées par une infection au Covid.

Parmi les populations à risque, le lien entre ménopause et forme grave du Covid a également été évoqué. Avez-vous constaté de telles tendances ?

Pr H.L. : Là encore, les choses sont difficiles à interpréter, car on a vu aussi que l’âge était également un facteur de risque de forme grave. Par définition, les femmes ménopausées sont plus âgées et donc plus exposées que les femmes plus jeunes. La ménopause peut aussi entraîner un surpoids, qui est un facteur de risque… Cela reste donc compliqué de conclure sur le rôle de la ménopause elle-même.

Allez-vous également évoquer le sujet de la vaccination ? Les cas de dérèglement des règles qu’elle a entraîné chez certaines femmes font-ils partie de vos objets d’étude ?

Pr H.L. : La vaccination est une thématique qui suscite beaucoup de débats, un peu vifs, souvent accompagnés de « fake news ». Il y aura sûrement des interrogations sur le sujet, mais la vaccination n’entraîne pas de problème du côté endocrinien.
Concernant les règles, on est là à l’interface entre deux disciplines médicales, l’endocrinologie et la gynécologie, qui sont effectivement proches et se retrouvent sur ces questions de maladies gynécologiques liées à des perturbations hormonales.

Si le Covid n’a donc pas bousculé votre prise en charge des patients, continue-t-il de faire l’objet de recherches dans votre discipline ?

Pr H.L. : Si pour les aspects endocrinien, les choses restent finalement plutôt clames, le Covid reste un sujet de recherche clinique et fondamentale. On sait, grâce à l’énorme quantité d’études menées depuis l’apparition de l’épidémie, que le virus se sert de certaines régulations hormonales, ou du système endocrinien, pour rentrer dans l’organisme. L’agent infectieux est une espèce d’usurpateur, qui arrive à détourner à son profit les voies de régulation de notre organisme pour infecter les cellules et les tissus.
Cette étude des systèmes hormonaux comme cible, comme porte d’entrée du virus est très intéressante car elle peut aussi fournir des cibles thérapeutiques : à partir du moment où l’on comprend comment le virus pénètre dans l’organisme, on peut imaginer des médicaments qui peuvent bloquer ces voies-là. On est là dans une science très moléculaire, fondamentale, mais avec en arrière-plan des applications cliniques évidentes.Pratique. Conférence assurée par le professeur Rachel Desaillourd, du CHU d’Amiens. Jeudi 14 octobre, à 18h30, au Carré des Docks. Entrée libre et gratuite sur présentation du pass sanitaire.

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