Diabète de type 2 : on le soigne de mieux en mieux.

Paris Match | Publié le 22/02/2022 à 02h00Dr Philippe Gorny

Diabète de type 2 : on le soigne de mieux en mieux
Diabète de type 2 : on le soigne de mieux en mieuxDR

Cette maladie chronique a bénéficié ces dernières années d’avancées thérapeutiques considérables.

Paris Match. Quels sont les chiffres du diabète en France aujourd’hui ?
Pr Bruno Guerci. Les derniers relevés en 2020 ont recensé 3,5 millions de personnes diabétiques traitées (5,3 % de la population) auxquelles s’ajoutent 400 000 autres (0,6 %) identifiées comme telles mais non traitées, et plus de 1 million de personnes (1,5 %) qui ignorent être diabétiques. Par ailleurs 10 % des Français auraient un risque élevé (environnemental, héréditaire) de le devenir. L’incidence du diabète n’a cessé de croître depuis l’an 2000, particulièrement dans les régions les plus défavorisées socialement et économiquement, comme les Dom-Tom où elle est deux fois plus forte que la moyenne nationale.

À quoi est-il dû ?
C’est une maladie de civilisation causée par une mauvaise hygiène de vie, dont les principaux facteurs favorisants sont l’obésité et la sédentarité. 95 % des diabètes sont de type 2 et liés à un excès de sucre dans le sang (hyperglycémie) qui, au fil du temps, menace les yeux (première cause de cécité en France), les reins (cause majeure de dialyse), les nerfs des membres et de l’érection, les artères du cœur, du cerveau et des jambes. À la différence du diabète de type 1, maladie auto-immune qui détruit la partie du pancréas fabriquant l’insuline (hormone permettant l’entrée du glucose dans les cellules), le diabète de type 2 est dû à une perte d’efficacité de celle-ci (résistance à l’entrée du sucre dans les cellules) à laquelle succède un déficit en insuline.

Des objets connectés offrent des bénéfices immenses dans la gestion des soins

Quels sont les objectifs d’un traitement du diabète de type 2 ?
Éviter ses complications (neurodégénératives, cardio-vasculaires, cancers) en réduisant les facteurs de risque (dyslipidémie, hypertension, surpoids, etc.) et en maintenant la glycémie moyenne sur trois mois, que reflète l’hémoglobine glyquée (pourcentage de glucose se fixant sur l’hémoglobine des globules rouges) inférieure à 7 %. 1. L’activité physique et une alimentation pauvre en sucres rapides et graisses suffisent parfois à tout normaliser 2. À défaut, le médicament initial de référence est la metformine, à laquelle, si le diabète est sans complication, on peut associer d’autres produits donnés par voie orale ou injectable. Ils sont nombreux et peuvent agir sur la prise alimentaire, stimuler la production d’insuline, éliminer via le rein le sucre en excès ou améliorer sa combustion par certains organes (muscles, cœur, tissus adipeux). Ce large choix permet avec l’accord du patient de personnaliser le traitement. 3. Si le diabète s’accompagne de complications cardiaques ou rénales, on dispose de deux nouveaux types de médicaments “sauveurs de vies” : les gliflozines par voie orale et les analogues du GLP-1 (glucagon-like peptide 1) par injection sous-cutanée. Chacun séparément a montré son aptitude à réduire fortement la morbidité, ainsi que la mortalité tant cardio-vasculaire et rénale que globale. Un progrès majeur !

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Quand recourt-on à l’insuline ?
Quand ces traitements sont devenus insuffisants. Degré 1 : aux produits que je viens de décrire, on associe une insuline basale d’action lente dite “pour vivre” (une injection matin ou soir). Degré 2 : s’il le faut, on ajoute des insulines rapides au moment des repas. La révolution est que le patient ne surveille plus son taux de sucre sanguin en se piquant le bout du doigt mais utilise un petit capteur, maintenu par un adhésif sur le bras ou le ventre, qui mesure le glucose sous la peau en continu toutes les cinq minutes. Les données sont transmises par Bluetooth à son portable, mais également à distance au cabinet virtuel de son médecin. Cette télésurveillance permet un ajustement thérapeutique à tout moment. Une dizaine de critères sont analysés (variations du glucose par rapport à son couloir cible, valeur moyenne de celui-ci sur une journée ou une semaine, etc.). Des stylos d’insuline connectés, permettant d’alerter le patient en cas d’oubli ou de retard, seront bientôt disponibles. Les bénéfices de ces objets digitaux pour le diabète sont immenses. Ils rendent possible une meilleure gestion des soins et des dépenses de santé.

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