Contrôle et acceptation : deux approches du surpoids et de l’obésité

  • Julien Sweerts S & al. Encephale
  •  1 juin 2019

À retenir 

Une revue de la littérature récemment publiée dans la revue L’Encéphale aborde les différentes thérapies émotionnelles utilisées dans la prise en charge du surpoids et de l’obésité. Cette revue contribue à une meilleure compréhension de l’apport de ces thérapies. L’alimentation émotionnelle concernerait 57% des adultes en surpoids ou obèses, ce qui explique l’engouement de plus en plus important pour de nouvelles prises en charge mettant les émotions au cœur du processus.

L’alimentation émotionnelle et l’acceptation

L’alimentation émotionnelle consiste à manger pour calmer des émotions négatives, intolérables, conscientes ou non, les aliments gras et/ou sucrés répondant d’autant mieux à ces signaux émotionnels. Manger devient alors une façon de se détourner de l’expérience émotionnelle désagréable et des pensées associées. Ce processus favorise les crises hyperphagiques. L’acceptation de l’émotion désagréable, l’acceptation du corps tel qu’il est, l’acceptation des comportements alimentaires compulsifs peuvent être atteintes notamment par des programmes de méditation en pleine conscience. Plus l’individu acceptera ses crises, plus il sera en capacité de contrôler ses envies alimentaires compulsives. Si l’acceptation semble nécessaire pour de nombreuses thérapies, elle reste difficile à obtenir car elle signifie pour le patient d’accepter de ne pas se sentir coupable de ces excès alimentaires, et de ne pas être dans la norme sociale.

La méditation en pleine conscience

La méditation en pleine conscience ou mindfulness incite à adopter une attitude d’observateur sans jugement des sensations physiques, des perceptions, des pensées et émotions de l’instant présent. Celle-ci favorise la diminution de la réactivité émotionnelle et comportementale inadaptée. Elle aide l’individu à ressentir la faim et la satiété physiologique et à les distinguer de l’envie émotionnelle de manger. Quelques études montrent qu’elle serait efficace sur les crises hyperphagiques mais peinent à démontrer son efficacité sur la perte de poids.

Mindfulness-Based for Eating Disorder  (MB-EAT)

Il s’agit d’un programme de traitement de l’hyperphagie boulimique qui a pour objectif principal d’aider l’individu à restaurer les processus d’autorégulation entre les sensations de faim, les émotions et les comportements. Le MB-EAT réapprend à préférer la qualité à la quantité en remettant le plaisir au cœur du plaisir alimentaire. Des preuves de son efficacité commencent à apparaître.

L’ACT ou thérapie de d’acceptation et d’engagement

Ce modèle a pour objectif d’augmenter la flexibilité de l’individu « en vue de l’acceptation des événements mentaux ou sensations physiques qu’il ne peut changer durablement, pour réinvestir l’énergie de la lutte dans des actions en direction de ce qui est important pour lui ». Ainsi, cette thérapie aide à choisir des actions en direction de ses valeurs plutôt que des actions pour lutter contre sa souffrance. Des études mettent en évidence son efficacité pour diminuer l’envie émotionnelle de manger et réduire l’insatisfaction corporelle, mais peinent encore à confirmer son efficacité sur le poids.

L’ABT ou Acceptance-Based Behavioral Treatment for weight loss

Ce programme s’appuie sur l’adage : « Contrôler ce que vous pouvez et acceptez ce que vous ne pouvez pas contrôler ». Ce modèle intègre une psychoéducation à la nutrition (connaissance et comptage des calories), de l’activité physique, une thérapie basée sur l’ACT, une thérapie comportementale dialectique et un programme de prévention de la rechute des troubles de l’addiction MB-RP (Mindfulness-based Relaps Reduction for addictive behaviors). Ce programme semble montrer son efficacité sur la perte de poids à un an par rapport à un groupe témoin. Les auteurs de cet article mettent en exergue que l’acceptation du protocole ABT ne pourrait être qu’apparente, puisque le sujet est contraint à une restriction alimentaire, à une augmentation de sa dépense calorique et prend des décisions pour ne pas venir heurter ses propres valeurs.

Julien Sweerts S, Apfeldorfer G, Kureta-Vanoli K, Romo L. [Emotional therapies for overweight or obesity]. Encephale. 2019;45(3):263-270. doi: 10.1016/j.encep.2019.02.009. PMID: 30961969

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