Apprendre à en repérer les signes et limiter ses effets sur notre organisme est essentiel si l’on veut diminuer les risques à long terme pour notre santé. Un extrait du mensuel de Sciences et Avenir n°876, daté février 2020.
Vivre sans stress relève de la mission impossible dans notre société hyperconnectée. Serait-ce d’ailleurs un objectif réaliste ? Et déjà un objectif en soi ? Le stress ne peut-il pas avoir aussi quelques avantages ? Pour le savoir, mieux vaut être capable d’en reconnaître les signes. Car la première victime du stress, c’est notre santé.
1 – Comment fonctionne le stress ?
Accélération de rythmes cardiaque et respiratoire, augmentation du tonus musculaire, élévation de la pression sanguine, des taux de sucre et de matières grasses dans le sang, ralentissement de l’activité digestive, exacerbation de la transpiration… Par le biais du cerveau, de l’activation l’activation du système nerveux autonome (qui contrôle de nombreuses fonctions de l’organisme en dehors de notre volonté) et de sécrétions hormonales de type adrénaline et cortisol, le stress est une réponse physiologique de notre organisme à des éléments extérieurs qui viennent perturber son équilibre. Et si l’espèce humaine est sensible à cet état de tension, c’est que cela représente un certain avantage : les effets immédiats nous permettent de faire face à un danger, de réagir vite et de fuir si besoin. Et dans certaines situations, cela peut encore nous être très utile !
2 – Pourquoi est-il dangereux quand il devient chronique ?
Les problèmes liés au stress se produisent essentiellement quand celui-ci atteint un stade chronique : lorsque les effets biologiques perdurent, il y a une augmentation du risque de maladies chroniques, ou d’exacerbation de pathologies préexistantes. Il s’agit par exemple de fatigue et douleurs musculaires, d’aggravation d’affections pulmonaires comme l’asthme ou l’insuffisance respiratoire, du diabète ou d’une maladie de peau, d’une fragilisation des parois artérielles, de troubles digestifs… Une vaste étude coordonnée par des chercheurs suédois et islandais, parue en avril 2019 dans la revue The British Medical Journal, a aussi montré que les réactions de stress graves sont liées à un risque accru de plus de 60 % de plusieurs types de maladies cardio-vasculaires (hypertension, accident vasculaire cérébral, infarctus du myocarde…).
3 – Quels en sont les signes ?
Il existe de nombreux signaux qui peuvent alerter quand le problème devient trop régulier ou répétitif. Ces symptômes peuvent être différents selon les sensibilités individuelles et les périodes de la vie. Il s’agit par exemple de simples signaux physiologiques comme une fatigue accrue, des troubles du sommeil, ou une somatisation importante (mal de dos, de ventre, maux de tête…) Les manifestations peuvent être émotionnelles avec de l’inquiétude, une anxiété ou une impatience inhabituelle, une perte de contrôle des émotions… Les indices sont aussi d’ordre cognitif comme des problèmes de concentration, des troubles de la mémoire ou comportementaux avec, par exemple, des problèmes d’addiction (alcool, tabac, nourriture…), un repli sur soi, une désorganisation ou des changements des habitudes personnelles. La fréquence, la durée et surtout le cumul de ces symptômes sont des critères très importants pour déterminer un niveau de risques pour la santé.
Source : étude OpinionWay, octobre 2017
4 – Comment éviter le burn-out ?
Il n’est pas toujours possible de supprimer les sources de stress, mais l’on peut limiter ses effets négatifs sur l’organisme en apprenant à reconnaître ses manifestations, et en agissant directement sur son corps par différents moyens : la respiration abdominale par exemple, si elle est pratiquée régulièrement, est un très bon moyen pour reprendre le contrôle et diminuer la réponse physiologique au stress à l’instant T ; des techniques de visualisation mentale (imaginer une situation ou un lieu agréable par exemple) peuvent aussi être utiles. À plus long terme, la pratique régulière d’activités physiques douces (yoga, marche…) permettrait, selon certains praticiens, de reprendre contact avec ses sensations physiques et de diminuer les risques de pathologies qui sont habituellement associées au stress chronique. Enfin, il ne faut pas négliger l’effet d’un bon bol de nature ! D’après une étude américaine parue en avril 2019 dans Frontiers in Psychology, pour les personnes vivant en ville, passer vingt minutes par jour au grand air, dans un parc, un jardin ou une allée bordée d’arbres serait suffisant pour réduire le taux de cortisol, une hormone liée au stress.
5 – Peut-on traiter le stress post-traumatique ?
Après un choc psychologique violent, comme un accident de la route, une agression ou une catastrophe naturelle, certaines personnes développent un syndrome de stress post-traumatique. Reviviscence de l’événement, évitement des situations ou des personnes qui rappellent ce trauma, dépression, troubles du sommeil… Les symptômes sont très divers. Les thérapies cognitivo-comportementales (TCC) sont des psychothérapies courtes et ciblées qui visent à modifier les pensées et les comportements problématiques en confrontant par exemple le patient aux souvenirs, images ou objets à l’origine du choc, en utilisant les jeux de rôle, en mobilisant la parole… Elles présentent des résultats intéressants pour traiter le syndrome de stress post-traumatique. Selon la gravité des symptômes, un traitement antidépresseur peut aussi être envisagé conjointement.
Par Emilie Gillet, avec Agence Forum News